Bernard Behin

Ma vision de l'art

Une amie m'a envoyé une photo d'un de mes anciens tableaux se trouvant à l'église de Bouillon.

Tableau nativite bb

L’art est paradoxal et contradictoire puisqu’il exprime de l’intelligible, de l’idéel, du conceptuel par le matériel. C’est une façon sensible de développer des idées philosophiques, religieuses, sociales… La parole tend à la démonstration, l’image à la monstration. Ce que la parole dit, l’image le montre silencieusement. Kant proclamait le Beau est « Ce qui plaît universellement et sans concept, ce qui suscite un plaisir désintéressé, car le Beau est une finalité sans fin, soit utilitaire ou morale ». Platon disait que « le Beau est la splendeur du vrai ». Pour Baudelaire, l’art fait voir une autre nature, sa vérité enfouie. Sans la beauté, il n’y aurait plus rien à faire en ce monde ! L’aspiration à la beauté coïncide avec la recherche de l’Absolu et de l’infini. L’art devrait nourrir l’esprit et l’illuminer. « Pour l’artiste, c’est l’effet des couleurs qui est décisif, et non la réalité des couleurs, telles qu’elles sont étudiées par les physiciens et les chimistes. L’effet des couleurs est contrôlé par l’intuition et le plus essentiel de l’action des couleurs demeure invisible pour l’œil et ne peut être contemplé que par le cœur » Johannes Itten. 

Dans mes tableaux, "mon dessein" était de vous faire vibrer, de créer l’émotion dans la contemplation. J’aime évoquer l’étourdissante présence de l’Etant (YHWH/Dieu) parmi les hommes ; c’est elle qui ravit et transporte l’âme. Toute chose possède son logos, sa parole intérieure. De mes tableaux, l’esprit devrait s’élancer vers le divin. Ma vocation est de chanter le nom de Dieu dans un art sacerdotal. Malheureusement, il est impossible humainement de transmettre l’expérience mystique quant aux couleurs et aux formes ; c’est frustrant ! 

« Si l’œil n’était pas solaire, comment apercevrions-nous la lumière ? Si ne vivait pas en nous la force propre de Dieu, comment le divin pourrait-il nous ravir ? » Jacob Böhme.

Chagall 1

Lorsque j’étais jeune, j’aimais particulièrement, Vermeer, le Caravage, Dali car ils démontraient une grande virtuosité picturale qui m’impressionnait. Il y a une quinzaine d’années, par hasard, j’ai découvert de près dans une exposition les œuvres de Chagall qui m’ont ému aux larmes ; je ne comprenais pas pourquoi puisqu'à première vue sa manière de peindre me déplaisait. Un signe m'était certainement donné ! Petit à petit avec le temps, j’ai découvert en Marc Chagall un mystique ayant une âme d’enfant. Il peignait comme les enfants, sans idées préconçues, sans s’occuper des jugements de son entourage. La vérité dénudée de toute sensualité éclate dans son œuvre. Jésus nous demande de redevenir comme des enfants !